L’exhibitionnisme scruté à la loupe

L’exhibitionnisme génital

Bien que quelques cas d’exhibitionnisme féminin aient été répertoriés, cette paraphilie est presque exclusivement masculine. Elle représente près du tiers des délits sexuels et maintient malheureusement un très haut taux de récidive chez les délinquants. L’âge moyen des exhibitionnistes tourne autour de 25 ans, mais il en existe quelques cas chez les personnes âgées. Dans cette chronique, je parlerai surtout des cas d’exhibitionnisme génital, où un individu s’expose délibérément en imposant ses organes génitaux à une ou plusieurs personnes non consentantes.

Les hypothèses de causes

La première question qui nous vient en tête est assez simple : pourquoi? Comment une personne peut-elle en arriver à vouloir exposer ses organes génitaux en public? Bien des hypothèses s’offrent à nous. Il faut comprendre que dans la majorité des cas, le délinquant souhaite une réaction. Cet individu a une profonde anxiété face à sa sexualité et la réaction de sa victime (peur, cris, terreur, etc.) le rassure sur sa compétence sexuelle et sur sa masculinité. Il désire ardemment choquer sa victime pour ainsi se sentir plus « homme » et plus puissant sans pour autant avoir agressé directement. L’épisode masturbatoire se déroulera après, lorsqu’il s’imaginera la scène.

Revictimisation

Plusieurs délinquants ont subi des agressions sexuelles au cours de leur enfance. L’exhibitionnisme devient alors une forme d’exutoire afin d’avoir l’impression de reprendre le contrôle de leur sexualité. Nous pourrions considérer cette hypothèse comme une sorte de vengeance. Je me souviens d’avoir lu un cas clinique où un homme, le plus vieux d’une famille de quatre enfants, avait ressenti une grande frustration vers cinq ou six ans lorsque ses plus jeunes frères avaient droit au sein de la mère et non lui. Il avait refoulé cette colère et une fois adulte il exhibait son pénis à des femmes inconnues dans le but de les « tenter », sans qu’elles puissent y toucher. Évidemment, aucune victime n’est séduite dans de telles circonstances, mais ce cas explique un peu les pensées irrationnelles qu’un délinquant peut avoir.

Leur pénis, leur identité

Nous pourrions croire que les exhibitionnistes ont une très forte estime d’eux-mêmes, mais il en est tout autrement. Bien que montrer ses organes génitaux à des inconnus puisse paraître narcissique, la plupart des délinquants croient que leur pénis est plus petit que la moyenne et veulent à tout prix se prouver le contraire. Dans leurs épisodes un peu plus dépressifs, ils tenteront de se convaincre du contraire en suscitant une réaction de la victime face à son pénis. De cette façon, ils ont l’impression de retrouver leur masculinité. C’est comme si leurs organes génitaux faisaient partie intégrante de leur identité personnelle.

Vous croyez avoir un exhibitionniste dans votre entourage?

Vous comprendrez que ces personnes ont besoin d’une aide extérieure clinique. Chaque cas d’exhibitionnisme est différent et doit être pris individuellement. Pour les aider à identifier les carences de leur identité personnelle et les sources d’anxiété qui génèrent un tel comportement, c’est un travail à moyen et long terme. Connaître l’origine de cette sexualité ne règle pas automatiquement le problème, mais les chances de réussites en sont améliorées.

Que faire si vous êtes victime?

Être victime d’un exhibitionniste est très choquant, mais il faut garder en tête que cet individu ne souhaite que notre forte réaction. Si une telle situation se présente, je conseille fortement de garder son calme et d’appeler la police le plus rapidement possible. La majorité de ces individus se concentrent vers les mêmes lieux aux mêmes heures, alors si vous ne faites rien, il fera assurément d’autres victimes dans le quartier.